par Moon of Alabama.
… Les sources de l’opposition médiatique en Syrie sont dirigées, et payées, par les services de renseignement britanniques.
La Russie a relevé le bluff de la Turquie menaçant d’une attaque de grande envergure contre les forces gouvernementales syriennes. Le président turc Recep Tayyip Erdogan devra maintenant trouver un moyen de sortir du piège d’Idleb dans lequel il s’est enferré. Son excellente aventure en Syrie touche à sa fin.
Entre-temps, nous apprenons que les renseignements militaires britanniques ont lancé une autre grande campagne de désinformation qui a fait entendre des « voix syriennes » dans la presse « occidentale ».
Erdogan poursuit sa rhétorique sauvage sur la Syrie :
« La Turquie ne peut pas être confinée à l’intérieur de sa frontière de 780 000 km2. Misrata, Alep, Homs et Hasaka sont en dehors de nos frontières actuelles, mais elles sont dans nos limites émotionnelles et physiques, nous affronterons ceux qui limitent notre histoire à seulement 90 ans ».
Les pourparlers turcs avec la Russie ne se sont pas bien déroulés. La Russie avait proposé les points suivants :
Bande frontalière de 16 km à Idlib sous contrôle turc
La Russie contrôle le passage entre la bande d’Idlib et Afrin
Ouverture des autoroutes M4 et M5 sous supervision conjointe russo-turque
Retraite des points d’observation vers la bande frontalière
Une dizaine de points d’observation de la Turquie sont actuellement encerclés par l’armée syrienne. Si la Turquie commence à intensifier la querelle, elle sera dans une situation désastreuse.
La Turquie a rejeté la proposition russe :
« Le président Recep Tayyip Erdoğan a déclaré le 19 février que les pourparlers avec la Russie sur la région nord-ouest de la Syrie d’Idlib étaient loin de répondre aux demandes de la Turquie et a averti qu’une opération militaire n’était qu’une « question de temps ». « Comme pour toutes les opérations [précédentes], nous disons que nous pourrions surgir tout à coup en une nuit. En d’autres termes, une opération à Idlib est une question de temps », a déclaré Erdoğan. Il faisait référence aux trois précédentes opérations turques dans le nord de la Syrie depuis 2016. « Nous entrons dans les derniers jours pour que le régime [syrien] cesse ses hostilités à Idlib. Nous faisons nos derniers avertissements », a-t-il ajouté. « La Turquie a fait tous les préparatifs pour exécuter ses propres plans d’opérations à Idlib ».
La Russie a qualifié l’attaque turque de scénario du pire :
« Le porte-parole du Kremlin a ajouté que « s’il s’agit d’une opération contre les autorités et les forces armées légitimes de la Syrie, ce sera certainement le pire des scénarios ». Selon Peskov, la Russie poursuivra ses contacts avec la Turquie afin d’empêcher que la situation à Idlib ne s’aggrave encore. « Nous sommes déterminés à continuer d’utiliser nos contacts de travail avec nos homologues turcs pour empêcher que la situation à Idlib ne dégénère davantage », a-t-il déclaré ».
Deux heures après avoir publié ce qui précède, l’agence russe TASS a également publié ceci :
« Deux bombardiers stratégiques russes Tupolev Tu-22M3 ont effectué un vol régulier au-dessus des eaux neutres de la mer Noire, a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense. « Pendant le vol, les équipages ont parcouru une distance d’environ 4 500 km et sont restés en l’air pendant plus de cinq heures », indique le communiqué. Des avions de chasse du district militaire sud de la Russie ont escorté les bombardiers pendant le vol ».
Le Tu-22M3 peut tirer des missiles de croisière à longue portée. L’armée turque comprendra cet avertissement.
Les Russes aiguillonnent également Erdogan avec des informations sur des livraisons d’armes américaines aux Kurdes du PKK dans l’est de la Syrie :
« Le commandement américain dans la région sature intensivement le territoire à l’est de l’Euphrate avec des armes et des munitions. Depuis le début de 2020, 13 convois militaires sont arrivés d’Irak en Syrie, qui incluaient plus de 80 véhicules blindés et plus de 300 camions chargés de divers types d’armes, de munitions et de matériel », a déclaré le contre-amiral Oleg Zhuravlev dans un briefing quotidien.
Les rapports parlent maintenant de plus d’un million de réfugiés à Idleb, même si la population d’avant-guerre du gouvernorat d’Idleb n’a jamais dépassé 1,5 million. Beaucoup ont déjà fui au début de la guerre, soit vers des zones détenues par le gouvernement, soit vers la Turquie et au-delà. D’où sont censés provenir les millions de personnes évoquées ?
Les médias « occidentaux » cherchent à provoquer de nouveau des épanchements lacrymaux à propos de ces réfugiés à Idleb. Mais ses rapports oublient de mentionner qu’Al-Qaïda gouverne Idleb et empêche les gens de franchir la ligne vers les zones tenues par le gouvernement syrien :
« Dans une nouvelle et longue histoire, étendue et richement illustrée sur Idlib, le New York Times n’a une fois de plus fait aucune mention de la politique qui se déroule dans cette enclave du nord-ouest de la Syrie – à savoir, le fait que des combattants djihadistes / takfiris bien armés, provenant de partout dans le monde, la contrôlent depuis plusieurs années, tandis que les forces gouvernementales syriennes se battent pour reprendre le contrôle de leur territoire. Dans ce dernier article, comme dans tous les longs plaidoyers larmoyants unilatéraux qu’il a publiés sur Idlib au cours de la dernière année, le New York Times n’a aucun journaliste ni photographe sur le terrain qui rapporte l’histoire. Au lieu de cela, il dépend entièrement des « récits » et des images qu’il recueille à partir de sources invérifiables à l’intérieur de l’enclave – sources qui, notamment, ne mentionnent jamais les groupes armés djihadistes qui contrôlent tous les aspects de la vie là-bas ».
Aujourd’hui, nous apprenons que beaucoup de ces sources invérifiables émargent sur la liste de paie du gouvernement britannique depuis au moins 2012 :
« Un certain nombre de documents fuités, consultés par Middle East Eye montrent comment le récit de propagande a commencé en 2012 et s’est accélérée l’année suivante, peu de temps après que le parlement britannique a refusé d’autoriser une action militaire britannique en Syrie. S’appuyant sur des fonds britanniques, américains et canadiens, des entrepreneurs du gouvernement britannique ont établi des bureaux à Istanbul et à Amman, où ils ont embauché des membres de la diaspora syrienne, qui à leur tour ont recruté des journalistes citoyens syriens. … En 2015, Free Syria, Syrian Identity et Undermine ont été financés en livres sterling et en dollars canadiens, l’équivalent d’environ 410 000 £ (540 000 $) étant dépensé chaque mois ».
Ces « sources » qui ont été embauchées et instruites par le gouvernement britannique sont celles citées dans les journaux « occidentaux ». Tout le programme, comme les « Casques blancs » organisés par les Britanniques, était géré par des officiers du renseignement militaire :
« Des personnes familières avec le projet [de propagande] disent qu’environ neuf entreprises ont été invitées à soumissionner pour les contrats. Ils comprenaient un certain nombre d’entreprises créées par d’anciens diplomates britanniques, des officiers du renseignement et des officiers de l’armée. Bien que les contrats aient été attribués par le ministère britannique des Affaires étrangères, ils étaient gérés par le ministère de la Défense du pays, et parfois par des officiers du renseignement militaire. Ces sociétés ont établi des bureaux à Amman, Istanbul et, pendant un certain temps, à Reyhanli dans le sud-est de la Turquie. À partir de là, ils employaient des Syriens qui recruteraient à leur tour des journalistes citoyens syriens, qui avaient l’impression de travailler pour les bureaux des médias des groupes d’opposition syriens ».
Les services de renseignement britanniques ont également engagé des journalistes pour écrire des articles de propagande sur les « rebelles syriens ». La Grande-Bretagne a également organisé et dirigé les porte-parole de l’opposition :
« Pendant ce temps, d’autres documents fuités, consultés par Middle East Eye montrent que le gouvernement britannique a attribué des contrats à des sociétés de communication, qui ont sélectionné et formé des porte-parole de l’opposition, géré des bureaux de presse qui fonctionnaient 24 / 24 et créé des comptes d’opposition sur les réseaux sociaux. Le personnel britannique qui dirige ces bureaux a été informé que leurs employés syriens étaient autorisés à parler à des journalistes britanniques – en tant que porte-parole de l’opposition syrienne – mais seulement après avoir reçu l’autorisation des responsables du consulat britannique à Istanbul. L’une des responsabilités des bureaux de presse mis en place secrètement par le gouvernement britannique en vertu de ces contrats était de « maintenir un réseau efficace de correspondants / pigistes en Syrie pour rendre compte des activités de la MAO [opposition armée modérée] ». De cette façon, le gouvernement britannique a pu exercer une influence en coulisse sur les conversations que les médias britanniques avaient avec des individus qui se présentaient comme des représentants de l’opposition syrienne.
Ce ne sont pas seulement les médias britanniques qui ont cité ces personnes. Tout le « mouvement d’opposition civile » était, comme les « Casques blancs », un front du gouvernement britannique bien organisé et rémunéré. Mais lorsque la Turquie a accru son rôle en Syrie, l’opération britannique de désinformation a commencé à cesser :
« L’enthousiasme du gouvernement britannique pour une grande partie du travail semble avoir commencé à décliner, car il est devenu de plus en plus clair que le gouvernement Assad et ses alliés russes et iraniens gagnaient la guerre civile, et le financement des contrats a commencé à se tarir. Au début de 2019, la Police syrienne libre, une organisation soutenue par les Britanniques, a finalement cessé ses opérations après une prise de contrôle par al-Qaida de la province d’Idlib, au grand dam des civils et des militants de la société civile. Le gouvernement turc serait également devenu moins tolérant envers les initiatives de propagande coordonnées à partir de son territoire. Un entrepreneur britannique aurait été expulsé après que les autorités turques ont découvert qu’il était entré dans le pays avec un visa de touriste ».
Le fait que le gouvernement turc soit devenu moins tolérant à l’égard de l’opération britannique peut également expliquer la mort de l’officier de renseignement militaire britannique qui dirigeait le groupe de propagande des « Casques blancs » depuis son appartement à Istanbul.
source : Syria – Turkey’s Bluff Is Called – Media Opposition Sources Run By British Intelligence
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
via https://lesakerfrancophone.fr/syrie-la-russie-releve-le-defi-du-bluff-turc
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